Un bien étrange Grenier.

Quand la lumière éblouissante se dissipa enfin, Fujitaka ouvrit les yeux et constata ahuri qu’il n’était plus dans sa maison mais dans un vieux grenier non éclairé, entre deux étagères remplis de diverses objets mystérieux.

Par automatisme, il voulut tout d’abord s’assurer de la santé de ses enfants hors, il ne vit ni Sakura, ni Toya. En fait, il n’y avait personne à part lui dans ce grenier …

Parce qu’il était coincé entre trois énormes cartons, il décida d’en enjamber un. Une fois de l’autre coté, il marcha sur quelque chose de mou et même muni de ses chaussures et d’une bonne paire de chaussette, la température de ses pieds diminua intensément.

« Qu’est ce que … ?? »

Il s’agissait d’un tapis bleu nuit aux étranges reflets. Le froid montait de plus en plus et s’accentua jusqu'à qu'une fine couche de glace dénature la couleur beige de ses chaussures et pantalon. Fujitaka n’eut d’autre réflexe que de s’assoir sur un des cartons et de ne plus poser pieds à terre. La sensation finit par disparaitre au bout de quelques secondes. Finalement, il sourit …

* J’ai eu chaud… enfin plutôt froid…*

Fujitaka fronça alors des sourcils et fixa longuement le tapis. L’aura magique qui s’en dégageait n'était pas néfaste mais était gonflé de frustration contenu. Un tapis n'était-il pas fait pour marcher dessus ? Celui ci semblait ne pas être du tout d'accord. C'était une amusante découverte pour Fujitaka. Doucement, il reposa un pied mais le froid s’en empara aussitôt et il dut le retirer. Il était donc coincé, piégé à rester assis sur un carton qui bientôt se ratatinerait sous son poids.

« On pourrait négocier… parce que si je ne bouge pas, je vais finir par casser le contenu de ce carton. »

Comme s'il méditait, le tapis se mit à se tortiller en produisant des vagues. Les yeux de Fujitaka s'écarquillèrent lorsqu'il s’enroula doucement sur lui-même et rampa tel un ver de terre sous une étagère. Malgré sa surprise, le sourire de Fujitaka s’agrandit.

« Merci infiniment. »

Fujitaka se leva, satisfait de pouvoir marcher et c'était in-extrémis afin d'empêcher la caisse en carton fragile de se ratatiner sur elle-même. Il la raccommoda avant de se diriger vers la porte au fond de l’étroit couloir. Il s’inquiétait pour Sakura et Toya, mais également pour la petite Tomoyo. S’il arrivait malheur à Tomoyo, il ne donnerait pas cher de sa peau lorsqu’il faudra l’expliquer à Sonomi, sa mère.

Il ne savait pas du tout où il se trouvait mais la situation aurait pu se révélait pire. Pour le moment, il n'avait croisé qu'un tapis vivant et taciturne. Où avait-il bien pu atterrir ? De mémoire, il se souvenait de Sakura qui lui suppliait de rester à l’intérieur de la maison tandis qu’elle irait dehors capturer Tarot, la carte originelle.

Fujitaka était juste derrière la porte à réfléchir à tout cela lorsque quelqu’un se manifesta par cette même porte … qui que ça puisse être, il espérait y rencontrer quelqu’un de compréhensif…

Main dans la main, Maru et Moro se dirigeaient promptement vers le grenier. Elles montèrent l’escalier comme des véritables éléphants, leurs pieds tambourinant le parquet en bois dans un même rythme, produisant un tremblement effroyable dans tout le magasin. Elles avaient vraiment l’air d’être très heureuse, mignonnes qu’elles étaient avec leurs grands yeux émerveillés et leurs sourires éblouissants. En fait, elles avaient encore en mémoire cette magnifique excursion dans le monde extérieur. Elles rêvaient de retourner dans le parc où elles avaient trouvés Sakura. Elles voulaient encore sortir de la boutique pour gambader dehors dans les rues. Encore. Encore. Encore !!

Les deux petites filles étaient tellement euphoriques dans leurs bonheurs qu’elles ouvrirent la porte du grenier dans une grand « BANG », ratant de près le visage de celui qui se trouvait derrière.

« Bienvenue à la boutique !! Bienvenue à la boutique !! »

L’heure aurait dut être la prudence car cet inconnu dont elles ne connaissaient même pas le nom avait mystérieusement réussit à cacher sa présence dans la boutique. Il pouvait s’agir d’un terrible ennemi, un monstre sous une apparence humaine par exemple……… mais à la place de rester sur leurs gardes, les deux petites filles l’enlacèrent amoureusement comme s’il s’agissait du grand papa Noël. À leurs heures joyeuses, les jumelles pouvaient se révéler très inconscientes et ………. étouffantes.

« Il faut descendre en bas. Il faut descendre en bas »

L’une le poussant par derrière et l’autre le tirant par la main, elles ne lui laissèrent pas le choix, il dut suivre la cadence déconcertantes des deux petites filles qui le conduisit en bas des escaliers puis jusqu’à un salon…

Habitué à ressentir le danger imminent sous toute forme qu’elle soit, Fujitaka recula d’un pas lorsque la porte s’ouvrit à la volée. Son intuition se révéla être aussi pertinente qu’à l’accoutumée puisqu’à la seconde près, il se l’aurait prit en pleine figure… il ne put esquiver un petit sourire.

Deux petites filles lui apparurent, dont la jovialité faisait peur tellement elles étaient gaies et débordantes d‘énergies.

« Bienvenue à la boutique !! Bienvenue à la boutique !! »

Sans prévenir, elles se jetèrent sur lui et le souffle coupé, Fujitaka les accueillit dans ses bras, gardant dangereusement son équilibre pendant qu’elles le serraient très fort, comme s’il s’agissait d’un nounours géant.

*Ah je vois… je suis dans une boutique … tout s’explique…… enfin pas tellement…*

Fujitaka sourit.

« Merci de votre accueil. Alors je suis dans une boutique ? Mais quelle genre de boutique est-ce ? Je … »

La phrase de Fujitaka s’évanouit sur celle des fillettes qui crièrent en cœur.

«  Il faut descendre en bas. Il faut descendre en bas »

Sans plus de cérémonie, elles l‘emmenèrent en dehors du grenier et Fujitaka se laissa entrainer, un peu inquiet de ce qu’il allait découvrir ensuite…